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Article du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, pour l’édition spéciale du journal « Kefalaio » sur le thème « Quelle est la réalité ? » (24.09.2022)

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« La tentative visant à déformer la réalité et notre réponse »L’invasion russe de l’Ukraine a marqué un tournant dans l’architecture de sécurité européenne, mais aussi internationale. Cela a créé une nouvelle réalité sur le terrain. Une réalité que beaucoup d’Européens pensaient avoir laissé derrière eux, en même temps que les passions et les guerres du XXe siècle.
Elle a remis sur le devant de la scène des concepts tels que la violation de l’intégrité territoriale, la violation de la souveraineté nationale et, bien sûr, le respect du droit international, ainsi que du droit humanitaire. Elle a apporté avec elle d’autres termes que nous aurions aimé oublier. Comme les sphères d’influence, le révisionnisme, la renaissance des empires.
En Grèce et à Chypre, malheureusement, nous vivons cette nouvelle réalité au quotidien depuis des décennies. Nous observons ce comportement dans la mer Égée, en Méditerranée orientale, à Chypre, en Irak, en Syrie, en Libye, dans les Balkans et dans le Caucase.
Récemment, nous avons assisté à une escalade, qui ne se traduit pas seulement en paroles, mais aussi sur le terrain. C’est peut-être pourquoi nous ne sommes pas si surpris par ces développements.
Dans le même temps, nous assistons, tant en Grèce que dans le reste de l’Europe, à un effort concerté et orchestré par l’État pour déformer la réalité.
Un effort qui utilise comme moyen la propagande, la désinformation et la diffusion de fausses nouvelles. Dans ce contexte, tous les moyens possibles sont utilisés pour salir l’image du prétendu adversaire, pour déformer la réalité de manière scientifique et organisée, de sorte que la frontière entre le mythe et la réalité devienne indiscernable. Les forces révisionnistes du XXIe siècle appliquent le dicton de Goebbels avec des moyens modernes : « Quand on dit un gros mensonge et qu’on le répète, à la fin, les gens finissent par le croire ».
Pour ces pays, « la vérité est le plus grand ennemi de l’État ». La Grèce a l’obligation de résister contre cet effort conscient de créer une nouvelle réalité et d’éroder la vérité.
La différence importante par rapport au passé est que désormais nous devons être capables de le faire par nous-mêmes : nous avons élargi nos alliances et beaucoup de gens comprennent maintenant la menace que le révisionnisme, d’où qu’il vienne, représente pour le système de sécurité international.
A preuve, la réaction massive à l’invasion russe, l’imposition de sanctions, non seulement par les pays de l’Union européenne et les États-Unis, mais aussi par des pays comme le Japon. Et, bien sûr, certains pays qui sont candidats à l’adhésion à l’Union, comme l’Albanie et la Macédoine du Nord.
Face aux défis que j’ai mentionnés ci-dessus, la politique étrangère grecque agit en parallèle sur trois axes.
Premièrement, elle adopte une position de principe. Une position qui découle du respect du droit international, et en particulier du droit international de la mer.
Et, bien sûr, une position de principe en ce qui concerne le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les États. Nous avons maintenu cette attitude depuis le début de la guerre en Ukraine. Nous avons fait preuve d’une solidarité concrète avec l’Ukraine, avec nos partenaires d’Europe centrale et orientale et, plus récemment, avec la Suède et la Finlande. Parce que nous ne pouvons pas ne pas soutenir ce que nous demandons aux autres. Nous ne pouvons pas vivre dans deux réalités : une dans laquelle nous contribuons activement aux affaires internationales, prenons des positions, recevons des soutiens, tout en payant le prix. Et la virtuelle, prônée par certains, dans laquelle nous jouissons de tous les privilèges, sans obligations.
Deuxièmement, nous ne sommes peut-être plus seuls, mais les alliances et les amitiés ne se créent pas par magie. Nous devons investir dans celles-ci, faire des efforts constants, construire ces relations et ensuite les entretenir.
En moins de trois ans, nous avons signé quatre accords de défense avec les États-Unis, la France et les Émirats arabes unis.
Dans le même temps, nous avons décidé, conjointement avec trois pays voisins, de délimiter des zones maritimes sur la base de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, la CNUDM.
Nous avons repris contact avec nos partenaires européens.
Avec certains pays, il n’y avait pas eu de réunions bilatérales depuis des décennies. Nous avons établi des partenariats stratégiques avec les pays du Moyen-Orient, du Golfe et d’Afrique du Nord.
Nous nous sommes ouverts aux puissances mondiales émergentes qui partagent nos principes, comme l’Inde et le Japon.
Et nous n’avons pas oublié le continent qui connaît la plus forte croissance économique et démographique.
En l’espace de quelques mois, j’ai visité sept pays d’Afrique subsaharienne.
Troisièmement. Face aux pratiques à la « Goebbels », la seule réponse est de diffuser la vérité. Ainsi que de déconstruire la désinformation et les fausses nouvelles.
La Grèce ne laisse rien sans réponse.
Nous devons déconstruire au moyen d’arguments, basés sur le droit international, les accusations infondées et fausses lancées contre nous.
Nous avons l’obligation de ne pas laisser le moindre doute planer, car la répétition du mensonge tend à s’installer.
La Grèce, comme tous les pays démocratiques, ne répond pas à la propagande par sa propre propagande. Parce que ce qui sépare le monde démocratique du totalitarisme, c’est la vérité, la projection de la réalité telle qu’elle est, et non telle que certains essaient de la présenter.
La recherche de la réalité devient aujourd’hui de plus en plus difficile.
Les forces qui souhaitent faire revivre le passé, remonter le cours de l’histoire, font des efforts laborieux pour la dissimuler.
Il est du devoir de la Grèce et de tous les États de ne pas permettre la régression. De créer une vision pour un avenir meilleur.

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